Houria Bouteldja, Henry de Lesquen et nous

Printemps Républicain
2 min readJun 21, 2017

Pour lutter contre les racismes et les discriminations, le modèle français de l’antiracisme universaliste tend à valoriser à la fois l’individu et l’universel. Il vise à défendre la capacité des individus à créer leur propre identité, en rejetant les schémas préconçus et à déconstruire les représentations collectives, à voir dans l’autre le semblable. Il tend traditionnellement à valoriser le commun : l’éducation, la liberté, le mérite.
Depuis quelques années, sous l’influence du monde anglo-saxon, s’est développé un antiracisme que l’on pourrait appeler différencialiste. Il tend à souligner les différences en vue d’organiser un traitement équitable entre ceux que l’on considère d’emblée comme différents. Cette vision, milite volontiers pour un droit à la différence, des statistiques ethniques, de la discrimination positive, etc.

Ce débat, entre différencialisme et universalisme, même si nous nous réclamons clairement du dernier, a sa noblesse et chacun pourra faire son choix entre ces deux options philosophiques. Encore faut-il que ce choix soit éclairé par des faits.

Or, au sein de cet antiracisme différencialiste, que certains nomment aussi « antiracisme politique », Houria Bouteldja constitue la dérive la plus criante vers le racisme inversé, c’est-à-dire le racisme tout court. Et présenter, ou laisser présenter Mme Bouteldja comme une figure comme une autre de l’antiracisme différencialiste est tout sauf éclairant pour le débat public.
On savait que Mme Bouteldja se plaisait à poser avec le sourire devant un graffiti où il était inscrit « les sionistes au goulag », à vilipender, via l’association les Indigènes de la république, le Métissage comme une « arme du pouvoir blanc » (sic) . Dans le livre présenté « comme important, complexe et tiraillé » (sic) par les signataires de la Tribune en soutien à Mme Bouteldja, celle-ci affirme pêle-mêle : « je n’ai jamais pu dire « nous » en parlant des blancs, vous ne le méritez pas » ; incite les femmes noires se faisant violer par des hommes noirs à ne pas porter plainte par solidarité ; «Les Blancs, lorsqu’ils se réjouissent du coming out du mâle indigène, c’est à la fois par homophobie et par racisme.», dénonce le « philosémitisme béat » de l’Etat français et rejoint enfin Jean-Marie Le Pen en affirmant « pour le Sud, la Shoah est — si j’ose dire — moins qu’”un détail”.

De fait, Mme Bouteldja s’est déconsidérée au sein même des antiracistes différencialistes ou « antiracistes politiques ». Elle est désormais l’envers de Henry de Lesquen, son jumeau, semblable en tout point dans sa version ethnicisée, rabougrie et figée de son identité propre qui doit triompher sur l’autre, passé soudainement de frère en humanité à ennemi de race.
Ainsi, les sorties déjà citées de Mme Bouteldja peuvent difficilement être vues comme « un appel criant à quitter nos entre-soi, à déserter nos cloisonnements et nos endiguements ». Que des antiracistes en arrivent à défendre une raciste d’une telle violence ne doit pas tromper le lecteur souhaitant s’informer à la lumière des déclarations factuelles de chacun.

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