La place de Maurras est au tribunal de l’Histoire

Printemps Républicain
2 min readJan 27, 2018

L’inscription du nom de Charles Maurras à la « liste des anniversaires à célébrer au nom du ministère de la Culture » est une erreur. Si elle n’est pas rapidement réparée, accompagnée des excuses et des explications que chacun attend, elle deviendrait une faute.

Charles Maurras, faut-il encore le rappeler aujourd’hui, a compté parmi les adversaires les plus acharnés de la démocratie. Propagandiste de l’« antisémitisme d’Etat », qui considérait le Juif comme un « dominateur financier » et un « perturbateur révolutionnaire », comme le rappelle très opportunément l’historien Emmanuel Debono, Maurras s’est acharné contre Dreyfus comme il a poursuivi Léon Blum de sa haine tout au long de sa vie.

Celui qui accueillit la victoire de l’Allemagne et l’installation de Pétain comme une « divine surprise » et a applaudi les premières mesures anti-juives n’aura jamais rien renié de ses convictions anti-républicaines, anti-démocratiques et antisémites. Il est aussi l’inventeur du mot « laïcard », lui qui était pourtant fâché avec l’église catholique, ce qui montre assez que les adversaires de la laïcité ne se recrutent pas d’abord chez les croyants, mais chez ceux qui haïssent la liberté, l’égalité et la raison.

Aucune subtilité d’analyse, aucune excuse d’ordre culturel ne saurait être utilement invoquée : la République n’honore pas ses ennemis. La résurgence, serait-elle involontaire, de ce nom exécrable, dans un document officiel, est un signe inquiétant.

La place de Maurras est au tribunal de l’Histoire ; il n’a, en revanche, nul titre à figurer dans notre mémoire collective. C’est pourquoi nous joignons notre voix à celle de la Licra et des nombreuses personnalités qui demandent le retrait immédiat de Maurras de la liste annuelle des commémorations.

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